Le cabinet d'architectes canadien ACDF Architecture a achevé la nouvelle Bibliothèque T-A-St-Germain à Saint-Hyacinthe, une ville du sud-ouest du Québec. Parvenant à un équilibre entre l'efficacité et l'esthétique, la bibliothèque réimagine un immeuble de bureaux existant des années 1980 avec une extension contemporaine supplémentaire. Exercice de réutilisation adaptative, le projet réduit efficacement le carbone incorporé et célèbre ce qu'il est possible de faire avec une intervention architecturale réfléchie.
ACDF Architecture a recadré la notion de bibliothèque traditionnelle en concevant un centre culturel de 52 200 pieds carrés (4 850 mètres carrés) avec un programme varié réparti sur trois étages. La bibliothèque comprend une série de salles polyvalentes, un espace d'exposition, un espace de travail, des studios de création multimédia (Fab Lab), un café, une terrasse et des zones pour les enfants, les adolescents et les adultes.
La bibliothèque T-A-St-Germain s'inscrit dans la vision de la Ville de Saint-Hyacinthe d'animer son centre-ville historique en freinant le déplacement des commerçants et des résidents vers les nouveaux pôles urbains situés le long des grands axes routiers. La Ville a fait l'acquisition d'un site stratégique au cœur du centre-ville - bordé par la rivière Yamaska et le pont Barsalou, il est considéré comme un point d'accès clé au secteur. La bibliothèque est « la première pierre d'un nouveau corridor riverain », affirme l'ACDF. Au cœur de la section artistique et culturelle d'une voie fluviale piétonne et cyclable de 2,4 kilomètres récemment aménagée, la bibliothèque fait partie intégrante d'un projet de développement urbain qui vise à mettre en valeur la rivière Yamaska.
En 2017, la Ville de Saint-Hyacinthe a acquis un immeuble de bureaux postmoderne de 1987 vacant au cœur de l'arrondissement historique de Saint-Hyacinthe (pour la bibliothèque T-A-St-Germain) et a mandaté ACDF pour déterminer s'il devait être démoli ou s'il pouvait être adapté et réutilisé. Forte de son expérience dans la transformation de bâtiments existants et convaincue que « les architectes doivent tout mettre en œuvre pour que les bâtiments restent sains », ACDF démontre la pérennité de l'immeuble de bureaux : sa structure est saine, l'enveloppe reste performante, les espaces plantés sont matures. La décision a été prise de créer un bâtiment qui servirait de phare culturel et de préserver autant que possible la structure existante, minimisant ainsi les émissions de carbone du projet. « Cette décision a été prise en dépit de contraintes importantes - mais pas insurmontables - telles qu'une faible hauteur libre, un problème d'accessibilité universelle lié à la topographie du site et à la position des planchers, une esthétique peu inspirante et une grande empreinte sur le site qui ne laissait qu'un espace minimal pour les fonctions extérieures et les aires de stationnement », explique le studio.
L'approche d'ACDF pour ce projet a adopté une vision durable à travers la réhabilitation d'un bâtiment modeste - une combinaison de pragmatisme et de créativité a été employée. Le studio a choisi d'éviter la grandiloquence et la flamboyance qui accompagnent souvent les projets architecturaux culturels. ACDF s'est engagé à concevoir « une architecture imprégnée d'une certaine sobriété formelle et tectonique, en se concentrant sur des articulations volumétriques simples ».
La bibliothèque T-A-St-Germain combine le bâtiment existant du site avec une nouvelle extension complémentaire. Habillée d'une peau de verre blanchâtre, l'extension agit comme un phare sans s'imposer dans l'espace - le design marque une distinction subtile avec le bâtiment d'origine. « Sa sobriété volumétrique et son enveloppe de verre, dont les modules sont similaires à ceux du bâtiment existant, créent un ensemble cohérent », explique ACDF.
Le studio a mis en valeur les qualités architecturales du bâtiment existant, notamment « son gabarit, sa géométrie cartésienne très efficace et sa symétrie ». L'extension volumétrique contrebalance les faibles hauteurs libres et la fenestration en bandes du bâtiment existant en offrant des espaces lumineux, une terrasse et des vues étendues sur la rivière Yamaska. Un grand couloir relie une nouvelle entrée piétonne à l'entrée des voitures sur la rive. L'espace polyvalent comprend une réception, un café et une zone de pré-fonctionnement - conçu comme un carrefour, il encourage les connexions et les interactions. Un plafond en bois à caissons crée une ambiance chaleureuse, conviviale et accueillante. Le rez-de-chaussée de l'extension (niveau 1) abrite trois salles multifonctionnelles, chacune accessible depuis le couloir ; une terrasse extérieure se trouve au premier étage (niveau 2), et le deuxième étage (niveau 3) est consacré aux collections pour adultes.
« La combinaison du bâtiment existant et de l'extension permet d'obtenir une variété d'espaces et surtout une variété d'ambiances pour tous les goûts », explique ACDF. Contrairement à l'extension lumineuse, les faibles hauteurs de plafond et l'éclairage tamisé du bâtiment existant permettent de créer des espaces de lecture et de travail, dont l'échelle humaine est plus propice à la concentration. L'architecture tire parti de la dualité entre l'ancien et le nouveau, en accentuant les différentes perspectives pour les utilisateurs. Un seuil monochrome noir sert de démarcation visuelle et regroupe les principales circulations verticales.
Espace polyvalent et dynamique, « la nouvelle bibliothèque favorise les rencontres spontanées, les échanges informels, les découvertes et l'épanouissement dans un environnement chaleureux et paisible », précise ACDF.
Maxime-Alexis Frappier, président de l'ACDF, déclare à propos du projet de la bibliothèque T-A-St-Germain : « Nous espérons que l'approche responsable et frugale utilisée dans ce projet d'agrandissement et de transformation pourra servir à sensibiliser les gens au bien-fondé de la conservation de notre patrimoine bâti et à la retenue dans les moyens que nous employons pour concevoir des lieux exceptionnels ».