Au sommet d'un immeuble bruxellois, les architectes Edouard Brunet et Julie Duchateau ont imaginé un duplex lumineux et vivant. Ils ont ainsi agrandi un petit appartement insalubre en réactivant des greniers inutilisés et une toiture sans vie.

La conception s'est appuyée sur une lecture attentive des qualités de l'existant : la vue sur Bruxelles au Nord, la lumière abondante du versant Sud de la toiture, une toiture plate dominant la ville, un volume sous toiture généreux et des matériaux existants chaleureux et texturés.

Le duplex a été inversé pour que les pièces-de-vie, placées tout en haut, soient lumineuses et bénéficient d'une vue sur la capitale belge. La suppression des murs et planchers au dernier étage a permis de révéler l'espace disponible. L'isolation de la toiture a été placée à l'extérieur de la structure afin de gagner en volume et pour montrer la charpente existante qui a été adaptée. Une grande verrière au sud et des velux en toiture nord et sud diffusent une lumière homogène et abondante. Enfin la toiture à l'arrière a été rehaussée par un nouveau volume entièrement ouvert vers la terrasse et le panorama au Nord. La continuité entre l'extérieur et l'intérieur est renforcée par l'encastrement des montants de châssis afin que toutes les surfaces (meubles, sol et murs) se prolongent vers l'extérieur.

Le volume est structuré par quelques grands meubles périphériques: une banquette dans toute la largeur et sous la verrière afin de profiter de la vue sur le ciel, de la chaleur des rayons du soleil et de la vue sur la ville à travers l'appartement et la terrasse. Dans la longueur s'installe un long meuble qui regroupe un bureau, des rangements et la cuisine qui se prolonge à l'extérieur par un rangement. La cuisine est complétée par un îlot central massif. Dans l'autre largeur prend place la bibliothèque qui reprend les quelques marches amovibles donnant accès à la terrasse et qui assure la transition avec le palier de l'escalier qui mène au 4ème étage.

La lumière abondante, le volume, la végétation et les vues multiples permettent de se sentir à l'intérieur comme à l'extérieur.

La toiture plate a été pensée comme un lieu vivant. Une pièce en plus pour les habitants avec la terrasse et un lieu de vie pour les animaux avec le potager qui attire abeilles, coccinelles, scarabées, oiseaux... Ce jardin suspendu est planté d'une végétation comestible pour les humains et les animaux. La vie engendre la vie.

Pour garantir la vue sur la ville, un garde corps transparent a été installé sur le pourtour de la terrasse et du jardin.

Dans cette volonté d'ouvrir l'espace, un axe visuel vertical parcourt tout l'appartement. Il accueille le visiteur dès l'entrée au troisième étage pour conduire son regard jusqu'au ciel par une des fenêtres de toit au 5ème étage. Le regard traverse ainsi plusieurs niveaux et la lumière naturelle vient éclairer l'entrée avec douceur.

Le 4ème étage, où s'installent les chambres et les salles-de-bain, reprend la même logique d'ouverture. Ainsi de grands axes visuels traversent horizontalement toute la profondeur de cet étage pour se prolonger par la vue sur Bruxelles à l'arrière et sur la cime des arbres de l'avenue à l'avant.

Cet immeuble n'échappe pas à la configuration du « trois pièces en enfilade » caractéristiques des constructions du XXème siècle à Bruxelles. Afin d'installer les chambres le long des façades, les pièces d'eau et techniques sont regroupées dans un bloc installé au centre de l'appartement. Ce grand meuble habité intègre les dressings de part et d'autre. Il dissimule également les portes coulissantes des chambres qui restent ouvertes tout au long de la journée pour profiter des vues traversantes et amener de la lumière naturelle dans le hall.

Ce hall est assez grand car il donne accès à toutes les pièces du 4ème étage et constitue le hall d'accueil de l'appartement. Il profite de plusieurs sources indirectes de lumière naturelle. Cette disposition avec un espace de distribution central ouvert sur d'autres pièces permet aux habitants de profiter de toute la surface de l'appartement au quotidien.

L'une des chambres à l'arrière est située sous le potager. Elle remplace la cuisine et la salle de bain d'origine qui ont été regroupées. Tout comme dans le reste de l'appartement, l'ambiance de cette chambre est marquée par les matériaux existants qui ont été maintenus. Le temps passé et les vies précédentes y ont laissé leurs traces. Dans le même esprit les salles-de-bains et une des chambres laissent apparaître une ancienne publicité qui avait été peinte sur le mur mitoyen avant la construction de l'immeuble. Cette immense peinture occupe le mur sur toute la hauteur de l'immeuble et a été conservée dans les appartements des niveaux inférieurs.

Les architectes ont travaillé avec l'existant en récupérant et en révélant ce qui était déjà là. Dans la mesure du possible, ils ont complété et réparé l'existant avec des matériaux récupérés sur place ou à proximité: les briques des démolitions pour rehausser les mitoyens, des lattes de plancher démontées chez le voisin du rez-de-chaussée pour réparer et compléter le plancher là où les murs ont été démolis ou encore des habillages muraux en marbre de la gare du Nord de Bruxelles pour les plans de travail des pièces-de-vie et d'une des salle-de-bain.

Ce projet tente d'être le plus vertueux possible en réactivant des lieux inoccupés dans le respect de l'existant et en proposant des espaces de vie généreux.

Équipe:
Architectes: Edouard Brunet & Julie Duchateau
Entreprises de construction:
Entreprise générale: Batidar Construct
Menuiseries intérieures : Van Overstraeten & BAM
Ferronneries : Esprit de fer (Luc Van Massenhove)
Ingénieur en stabilité: Taac scsprl (Michel Pelgrims)
Crédits photos: Edouard Brunet


