La Source et sa fonction étant clairement lisibles depuis la rue Émile-Zola, grâce à la signalétique efficace apposée sur le pignon est, nous avons proposé de transposer l’accès principal au bâtiment face à la rue Formigé, établissant ainsi un lien direct avec la station de bus située dans l’axe. L’accessibilité par des modes de transport en commun, et donc l’éco-mobilité, sont ainsi immédiatement et visuellement encouragées. Afin d’éviter les décrochements de lignes qu’aurait générés l’implantation de l’ensemble immobilier en retrait sur la rue Émile-Zola, nous avons proposé d’inscrire le bâtiment dans une forme de continuité immédiatement perceptible avec celui de la Poste, notamment. Le front bâti présent en vis-à-vis obéit, d’autre part, lui-même à ce principe d’alignement. La cohérence urbaine du secteur s’en trouve ainsi, sur ce point, renforcée. Tout effet d’« émiettement » gratuit des alignements existants est également écarté, le sujet étant bien de recoudre ce qui, dans le centre-ville, ne l’est pas encore, et non d’ajouter un élément perturbateur supplémentaire. Conscients de l’importance des platanes anciens, de leur beauté, et des valeurs qu’ils incarnent aux yeux des Bouscatais, actuels, mais aussi futurs, nous avons fait le choix de les conserver dans leur intégralité. D’où l’idée d’incurver la façade principale, selon une ligne à la fois douce et franche, indiquant d’emblée la noblesse et la spécificité du bâtiment. La présence des arbres permet en outre de bénéficier d’un filtre visuel, thermique et solaire naturel, qu’il était logique de réserver aux espaces nécessitant une clarté particulière, adaptée à la concentration, telles les tables de lecture pour adultes.
La ligne incurvée de la façade génère d’autre part une dilatation logique du volume général en direction du nord-est, amenant à privilégier le déplacement des deux programmes, la surface réservée à la médiathèque étant plus importante que celle de la Maison de la Vie Éco-citoyenne et Associative (MVEA). La courbe, vécue de l’intérieur, permet enfin d’éviter toute sensation d’un espace trop vaste et froid. Aisément repérables, les divers points lecture, jeunesse, enfance, multimédia, tout comme le secteur réservé aux activités pédagogiques, sont à la fois faciles et agréables à parcourir, et procurent le sentiment d’un lieu vivant, non cloisonné, mais offrant des vues variées sur l’extérieur, et des ambiances lumineuses naturelles contrastées, sources de plaisir et de bien-être. Pénétrant dans l’édifice, chaque visiteur, par le biais d’un hall d’accueil commun, conjugué à une signalétique simple, accessible aux personnes sensoriellement déficientes, trouve d’emblée son chemin, qu’il s’agisse de la MVEA, ou de la médiathèque. Ces programmes, à la fois distincts dans certaines de leurs fonctions, mais aussi complémentaires sous de nombreux aspects, se trouvent regroupés au sein d’un seul et unique volume, renforçant l’idée d’échanges, de convivialité et de rencontres transgénérationnelles et/ou sociales et culturelles. Les liens naturellement établis entre la médiathèque et la MVEA confortent la vocation dynamique de cette dernière, et son futur impact, fédérateur et formateur, au sein de la commune. Nous avons logé l’ensemble des fonctions du bâtiment de plain-pied. L’intimité et la concentration des espaces réservés à l’administration et aux bureaux du personnel devant être préservées, nous avons créé à leur usage un demi-niveau, facilement accessible, depuis lequel une coursive permet aux membres de l’équipe d’avoir une vue privilégiée sur l’ensemble de la médiathèque, et d’assurer une vigilance attentive, tout en générant une convivialité simple entre le public et le personnel d’encadrement.
Les matériaux utilisés, tant pour les surfaces au sol que pour tous les autres éléments dans œuvre, déclinent une gamme sobre, sans ostentation mais élégante et raffinée, de textures jouant discrètement avec les reflets de la lumière lorsque cela s’y prête. Pour des raisons logiques, tenant à une saine économie de la construction, et à ses qualités d’isolation thermique, et acoustiques, notamment, le béton a été retenu pour l’ossature principale de l’édifice. Les surfaces vitrées, dans leur diversité (verre opalescent, translucide ou transparent), tiennent bien sûr compte des différentes orientations, et sont liées à des préoccupations fonctionnelles, thermiques, et enfin esthétiques, ainsi que de confort et d’usage. La façade sud, ainsi, dont le retrait par rapport aux bâtiments existants répond aux normes urbaines, est dotée d’une série de brise-soleil orientables, au gré des besoins et des saisons. La disposition des baies en ce point tient également compte, tout comme la hauteur graduée de la façade elle-même, des maisons en vis-à-vis, presque toutes dotées de jardins, et du besoin d’intimité des habitants. Le matériau que nous avons choisi pour la couverture de l’édifice nous conduit également à proposer cette solution quant à la réserve spatiale demandée. La toiture, avec sa double courbure, est constituée d’une membrane textile, englobant d’une manière homogène et unitaire l’ensemble du bâtiment : elle répond à toutes les préoccupations environnementales les plus actuelles, et facilite grandement l’entretien et la maintenance (s’agissant des feuilles d’arbres, notamment). On trouve des exemples d’utilisation de ce matériau contemporain, employé depuis de nombreuses années partout dans le monde pour tous types de programmes, dans l’agglomération bordelaise. Déjà anciens, parfois, ils montrent, par leur belle tenue, l’efficacité et le caractère de durabilité dans le temps de ce type de membranes textiles, aujourd’hui encore plus performantes et répondant aux critères écologiques les plus exigeants.
Celui-ci s’ouvre sur la ville par le biais d’un large et confortable parvis, s’inscrivant dans la continuité des réaménagements déjà effectués dans le périmètre concerné, dont il étire en quelque sorte visuellement les lignes. Il fait également l’objet d’un traitement spécifique dans l’axe de l’entrée principale du bâtiment, ainsi immédiatement repérable depuis la rue Formigé et l’arrêt de bus, notamment. La vue, depuis l’espace urbain, des passants, s’étend librement vers la façade de l’édifice, sa courbe élégante, et le majestueux bouquet d’arbres pluriséculaire préservé. Sur le parvis, a pris place le 1% artistique, La Troisième île, réalisé par Francesca Bonesio et Nicolas Guiraud/atelier 37.2 L’ensemble induit une fois encore l’idée et la sensation d’aménités variées, et dotées de sens, entre le bâtiment, son contexte bâti, naturel, l’espace public, et les futurs programmes. L’esprit qui nous a guidés dans l’élaboration du projet est bien de prendre en compte en effet à la fois le patrimoine existant, les différents besoins liés au nouvel Ensemble immobilier, mais aussi cette notion d’évolutivité au cœur des préoccupations d’une commune dont l’avenir est en marche.
