6a architects a terminé la construction d'un studio pour le photographe de mode et d'art Juergen Teller. S'étendant sur un terrain long et étroit de 60 mètres dans l'ouest de Londres, 6a architects a conçu une série de trois bâtiments individuels, comprenant des bureaux et des archives, un studio très éclairé, une cuisine, une bibliothèque et un ensemble de pièces annexes comprenant un studio de yoga et un sauna.
Chaque unité est ponctuée d'un jardin conçu par le Studio Dan Pearson, qui introduit une séquence de pièces extérieures alternant entre la voie publique de la rue et des intérieurs de plus en plus privés. Plantés d'arbres à feuilles caduques et de plantes grimpantes poussant sur des dalles de béton brisées, les jardins s'inspirent de ceux qui poussent naturellement dans les quartiers en ruine ou intacts de la ville, en particulier ceux qui sont documentés dans le livre classique de R.S.R. Fitter, "London's Natural History".
D'autres détails soignés permettent d'ancrer le projet dans le vocabulaire architectural de son site ; le coffrage en bois scié utilisé pour texturer la façade en béton correspond à la hauteur d'une brique londonienne de série, tandis que les murs extérieurs maillent le nouveau bâtiment avec les fragments résiduels des limites en brique existantes de chaque côté. Une terrasse sur le toit offre une vue typique de la ville, avec ses pots de cheminée en argile et ses jardins étroits.
L'approche de la lumière dans l'espace s'inspire à la fois de cette mise en valeur naturelle et élémentaire et de la relecture de sources historiques. Inspirée par le jeu de la lumière du jour créé dans les bâtiments de John Soane, elle pénètre ici par les interstices des poutres latérales en béton, par les puits de lumière situés au-dessus, et s'écoule depuis les espaces du jardin. Accessible par des portes vitrées qui font la largeur du site, il n'existe pas de véritable division entre l'espace intérieur et l'espace extérieur ; la nature n'est jamais extérieure au bâtiment mais passe comme un courant à travers chaque ensemble de limites perméables.
Le hall d'entrée est éclairé d'en haut par un espace à triple hauteur, traversé par un pont en treillis métallique. De là, on accède aux bureaux et aux studios de post-production par un escalier vitré protégé contre le feu, qui fait office de puits de lumière pour canaliser l'éclairage dans ces pièces. Le bureau de style atelier est l'espace le plus public du projet, relié au monde extérieur par une grande fenêtre donnant sur la rue.
Le bâtiment central de l'atelier est une pièce presque entièrement ininterrompue, flanquée d'espaces de rangement suspendus, qui abaissent la hauteur du plafond pour créer une intimité à chaque extrémité. On y accède par d'étroits escaliers, qui sont la seule ponctuation de la surface au sol et sont accompagnés simplement d'un mince rail en laiton. Les détails en laiton se répètent partout, avec des mains courantes ailleurs et des portes munies de boutons en laiton faits sur mesure, apportant un raffinement aux blocs de béton blanc et au mortier de chaux des murs porteurs.
Le dernier bâtiment de la séquence comprend une cuisine au rez-de-chaussée, avec un sauna et un espace de yoga éclairé au sommet. Une vue sur le dernier jardin inverse le vocabulaire de l'espace central du studio, dans lequel les escaliers de rangement internes créent des silhouettes contre les portes du jardin. Ici, au contraire, un escalier de secours descend vers l'extérieur, réitérant le va-et-vient constant du studio entre l'intérieur et l'extérieur, entre le haut et le bas.
Le studio est ventilé passivement et fortement isolé grâce à une masse thermique élevée fournie par sa structure en béton brut et en blocs. Il est également doté d'un triple vitrage, ce qui lui assure un rendement énergétique optimal. L'eau de pluie est recueillie pour être utilisée dans le jardin et des panneaux photovoltaïques et de chauffage solaire viennent compléter l'alimentation électrique.
Juergen Teller a documenté le processus de construction avec une série de portraits et de photographies prises pendant la construction. Il continue à prendre des photos dans les bâtiments et les jardins, l'architecture et la végétation formant des décors qui se déploient pour les collaborateurs, les invités, les sujets et le photographe.
