La jeune femme, tout juste distinguée par le premier Palmarès d’architecture de Corse, achève sur son île natale le chantier de la Casa Santa Teresa, sur la Route des Sanguinaires à Ajaccio.

Il y aurait le souvenir primitif d’une maison en bord de mer, souvenir des jours rougis par le soleil, des soirées lentes ou dansantes, des aubes claires qui ouvrent leurs bras à celui qui s’assoupit enfin - la beauté est une fête.

Intérieur et extérieur ne sont jamais déliés, mais en équilibre selon la force ou la douceur de la lumière passée au tamis des volets à rayures, des portes pivotantes qui invitent ou protègent dans le vaste salon aux alcôves secrètes menant aux chambres hautes, tandis que les plantes et les fleurs escortent le bain de nage. L’édifice blanc et cerné de ciel est construit en surplomb de la méditerranée qui se déplie à quelques mètres et que l’on atteint pieds nus sur la dalle chaude : l’offrande et la promesse.

« C’est une maison des années 50 qu’il a fallu rebâtir sans se séparer des vestiges du passé : son âme, son esprit. Je crois en la mémoire des murs, à la façon dont elle laisse son empreinte sur un espace. C’est l’histoire du plaisir qu’il fallait retrouver ici. Plaisir des bains, de la nature invasive, de la grande proximité de la plage, des rochers, de la mer méditerranée. La maison est comme extraite de la ville, qui s’efface au profit de la beauté, du silence.

Portes pivotantes, alcôves, aucune cloison ne vient empêcher le regard. Je voulais que la beauté circule, que ce soit une invitation à l’horizon, à l’imagination. Les gardes-corps sont en corde, les volets sculptés inspirés des persiennes et les portes en châssis laissent circuler la lumière tout en la filtrant quand elle est intense »

« Les différents niveaux, à l’intérieur le vaste salon, sa cheminée et les chambres hautes reliées par un escalier de bois, à l’extérieur le chemin de dalles qui descend, sont autant d’étapes pour accéder à la plage qui est une offrande, un trophée, juste derrière la route des Sanguinaires.

La façade blanche et lisse ne vient jamais heurter le ciel, les plantes, les fleurs restent les gardiennes du bassin de nage et sa terrasse. C’est la maison de villégiature par excellence, celle qui hante ma mémoire des soirées heureuses de l’enfance, quand la nuit embrasse le jour et que la beauté est une fête »