En 1992, Hermès installe plusieurs de ses ateliers à Pantin, aux portes de Paris. Quinze ans plus tard souhaitant s’y agrandir dans une zone d’aménagement concerté, elle confie à RDAI la conception de sa Cité des Métiers — projet à échelle urbaine devant accueillir autour d’un ensemble paysager de nouveaux ateliers, des bureaux et restaurants, une crèche et une salle de sport, des aires de stockage et de logistique, un espace d’exposition et un parc de stationnement souterrain. Livré en 2013, l’opération recevait l’année suivante le Prix de l’Equerre d’argent du Moniteur consacrant la meilleure réalisation architecturale hexagonale de l’année écoulée.
Totalisant 26 000 m2, les éléments du programme trouvent place dans quatre nouveaux bâtiments qui — implantés dans les dents creuses en périphérie d’une parcelle complexe de 1,6 hectare — parachèvent l’îlot urbain. L’espace central résiduel de 6 000 m2 se voit séquencer, avec poésie, par le paysagiste Louis Benech en cinq jardins thématiques qui évoquent, du nord au sud, l’univers du voyage intrinsèquement lié au sellier : une grande prairie d’herbes sauvages, un carré indo-persan minéral avec sa fontaine centrale, un verger aux abords de la crèche, un jardin japonais puis un jardin tropical.
Chaque bâtiment exprime une même dualité : côté rue, son visage urbain exprime la continuité, une certaine conception de la densité et de la masse, alors qu’à l’intérieur, il laisse toute sa place à la transparence, l'intimité et à la légèreté.
En effet, les façades urbaines s’attachent à rendre hommage au patrimoine industriel et artisanal des banlieues en renouant avec les matériaux emblématiques — pour ne pas dire iconiques — de leurs lieux de labeur : toitures en zinc, murs en briques, serrurerie des grilles et portes. Sobre mais puissante, l’architecture de RDAI emprunte son vocabulaire au passé alors que son écriture se veut résolument contemporaine. Moulées à la main, parfois émaillées et subtilement calepinées pour s’interdire toute coupe, les briques engendrent de généreux alignements périmétriques monochromes (marron, gris rosé ou blanc) percés de hautes fenêtres verticales, faillés par les atriums d’accès vitrés et couverts d’un vaste toit asymétrique facetté en zinc pré-patiné brun.
En contrepoint à cette rassurante enceinte maçonnée garantissant la confidentialité à la créativité qui s’y épanouit quotidiennement, l’intérieur semble n’être que luminosité, transparence et fluidité. Largement vitrés, bureaux et ateliers embrassent les jardins dont leurs utilisateurs jouissent pleinement depuis les balcons filant en coursives accessibles. Les circulations s’agrémentent de mezzanines et de patios intérieurs aux parois colorées où se déploient volées d’escaliers et cages d’ascenseurs. Ainsi prend forme une authentique communauté de travail où se mêlent ceux qui créent, produisent ou distribuent.
La Cité réinterprète l'harmonie subtile entre l'ambiance de Pantin et la diversité des métiers d’Hermès.
