Le 9e arrondissement, central et touristique, est à la fois un des arrondissements les plus denses de Paris, mais aussi parmi ceux qui possèdent le moins d’espaces verts. Et pourtant, à l’origine, la rue Cadet, ouverte au 17e siècle, était un chemin de desserte de parcelles maraîchères, et les frères Cadet, dont la rue porte le nom, des maîtres jardiniers depuis Charles IX.

Un hôtel préexistait sur la parcelle depuis la fin du 20e siècle. Son architecture, vaguement pastiche d’un d’hôtel particulier classique, avait mal vieilli et créait une rupture d’échelle et d’homogénéité dans cette partie étroite de la rue. Peu qualitative dans ses matériaux et ses proportions, elle détonnait dans le contexte dynamique de la rue. Les accès, peu visibles et étriqués, ne permettaient pas une animation des rez-de-chaussée sur rue, et le jardin en fond de parcelle, apparaissait comme un espace résiduel.

Faire avec le déjà-là
Il a donc fallu remanier en profondeur l’existant en déconstruisant les signes d’une architecture dépassée tout en conservant une grande partie de la structure, par ailleurs saine. Réinventer le bâtiment sur lui-même et le transformer a permis, d'une part, une meilleure acceptation des travaux de la part du voisinage - car il n'y a pas eu de démolition lourde -, et d'autre part, une économie des ressources.
Cette attitude a garanti la meilleure approche environnementale de l’acte de construire : les ajouts ont été décidés avec précision et parcimonie et chaque intervention a été pensée avec justesse afin de débloquer des situations sans générer de production inutile.

Une parenthèse, un filtre
Le nouvel hôtel a ainsi été pensé comme une parenthèse entre l’animation de la ville et la quiétude d’un lieu de villégiature urbain. Pour ce faire, un des enjeux a été notamment de proposer des lieux de respiration, offrant un parcours organisé comme une promenade ainsi qu’une vie hors de la chambre : un jardin arrière agrandi et replanté ; un rez-de-chaussée entre ville et jardin, largement ouvert et offrant de nouveaux services (commerces) ; des espaces de bien-être en lieu et place d’un ancien parking sous-terrain inexploité ; un accès public aux niveaux de toiture proposant un panorama sur les toits de Paris.

L’ensemble des chambres a été agrandi et leur géométrie a été revue afin de leur offrir un rapport direct soit avec la rue, soit avec le jardin. La silhouette urbaine a été complétée et simplifiée, afin de la rendre harmonieuse et en lien avec son environnement. La façade sur rue est ainsi pensée comme un grand filtre, clair et élégant, faisant office de signature urbaine. Elle révèle l’organisation simple et géométrique des chambres et offre de très grandes baies vitrées compensant en apport de lumière la relative étroitesse de la rue. Afin de préserver l’intimité des usagers, des petits balcons ont été installés : ils tiennent lieu d’espace extérieur comme de brise-vue horizontale et sont une occasion complémentaire de bénéficier de l’animation de la rue.

Matière parisienne
La matérialité de la façade, faite de zinc prépatiné de teinte gris-vert est déclinée en plusieurs mises en œuvre (pliée ou nervurée) et rend hommage au paysage parisien : le zinc et le cuivre de ses toits, bien sûr, mais aussi, la richesse de ses modénatures et la recherche d’un équilibre entre cadre bâti et végétal. Les grandes fenêtres en acier aux montants fins et au compartimentage élancé, évoquent le lointain passé des serres maraîchères.

Le rez-de chaussée a été imaginé comme un lieu permettant de passer progressivement de la sphère publique à la sphère intime, d’une place animée à un jardin calme. Côté rue, le linéaire commercial est ainsi maximisé et mis en valeur par un travail de menuiserie, mêlant bois et métal, tandis que côté jardin, une grande verrière occupant la largeur de la parcelle, offre l’expérience depuis le restaurant d’être plongé dans un paysage bucolique loin du bruissement de la ville.
En toiture, le projet exploite un espace vide - jusqu’ici délaissé - contre les héberges des bâtiments voisins, et recompose un alignement urbain renforçant la skyline de la rue. Un volume très vitré est proposé, accueillant bar et rooftop comme point culminant de la balade architecturale.

Adresse
24 rue Cadet
75009 Paris
Programme
Hôtel 5* avec 73 chambres, 1 salle de coworking, un spa (salles de massage, bains, saunas, hammam, salle de
fitness), 1 bar/café et un restaurant au RDC, un bar au rooftop (R+7)
Certifications
NF logement HQE, RT 2012
Maître d’ouvrage
Leitmotiv
Surface de plancher
3.324 m²
Coût des travaux HT
25 M€
Calendrier
Curage, désamiantage : juillet 2020 Délais travaux : mai 2021 à juin 2023 Livraison : 22 juin 2023
Crédits photo
© Sergio Grazia


Equipe
PPX (Architectes), MBDS (architecte
d’intérieur), ATIXIS (BET TCE), COBALT (concepteur lumières), META
(acoustique), AGENCE CHRISTOPHE GAUTRAND (paysagiste), VS-A (façade), QUALICONSULT (bureau de contrôle, coordinateur SPS), HERE DESIGN
(signalétique), NOSSA (économie) SKPAD (coordinateur FF&E), HACS
(cuisine), ACCEO (ascenseur), AXCE
(coordinateurs système sécurité
incendie), EGIS (coordinateurs études, maître d’œuvre d’exécution et OPC), HAKAWAY (audiovisuel), IDOINE
(spa), VM BUILDING SOLUTIONS (panneaux de façade), SPIE BATIGNOLLES, ICE et PARTESIA (entreprises mandataires des macro-
lots)


