Imbrications

Au nord-ouest de Paris, Gennevilliers, ville au passé ouvrier lié à son port fluvial, a amorcé sa reconversion urbaine il y a quelques décennies. La municipalité, très active, a lancé de vastes programmes immobiliers afin de retrouver une identité, un centre sans oublier son passé. La demande du maître d’ouvrage, la Coopérative sociale de La Boucle de La Seine, témoigne d’une politique locale durable et ouverte à des concepts d’avant-garde dans la réflexion pour la reconversion des banlieues.


Notre intervention : 15 maisons réparties en quatre parcelles font partie de la politique locale de micro-opérations stratégiques pour offrir un point de départ à la rénovation des zones pavillonnaires vieillissantes.


Imbrications réinterprète les gabarits urbains existants dans un souci de densification intelligente, favorise les toitures terrasses, les espaces végétalisés extérieurs, jardins d’hiver, terrasses et balcons, mutualise autant que possible les espaces et les services communs (jardin, local technique). En parallèle, ce projet est finaliste du concours EDF Bas Carbone 2014, ce qui consolide encore sa dimension prospective en matière de développement durable.


Le développement durable est un ensemble d’équilibres : la densité, la modularité et adaptabilité des espaces, le choix des matériaux et l’intelligence dans l’orientation énergétique du bâtiment, le bilan des coûts de construction. La densité est primordiale. Elle permet la limitation des transferts agissant directement sur la mobilité des personnes. En augmentant l’offre de logement près des zones de travail, on peut diminuer considérablement les besoins d’infrastructures de transport. Le bilan de production de carbone est radicalement diminué, grâce à une réflexion sur l’énergie grise des matières premières et sur les émissions de carbone une fois les bâtiments construits. La modularité des espaces permet l’adaptabilité des constructions à des programmes différents. Grâce à des configurations anticipées, les changements de destination (d’une maison mono-familiale en appartements par exemple) peuvent être réalisés avec un minimum de travaux, ce qui permet aux familles de rester sur place plus longtemps. Les habitants peuvent ainsi percevoir des revenus complémentaires et éviter des démolitions prématurées dictées par des constructions inadaptées. Encore un gain important d’énergie grise. Le choix de matériaux de constructions durables, comme le bois de culture dans les forêts éco-certifiées, les isolants naturels performants et les matériaux de montage facile, de préférence préfabriqués en atelier, permettent encore un gain d’énergie, d’une part par leur production et d’autre part par leur durabilité dans le temps ainsi que pour leur recyclabilité. Enfin, l’étude thermique du bâtiment ne doit pas se limiter à l’application des règles et des normes. Une utilisation intelligente du bâtiment ainsi qu’une conception tournée vers l’exploitation des énergies locales et spécifiques permettent une vision plus globale du bilan thermique. Une meilleure orientation des pièces à vivres dotées de grandes ouvertures pour profiter de la chaleur et de lumière l’hiver limitent l’utilisation du chauffage et de l’électricité. L’été une protection solaire sur ces vitrages, pas trop performants afin d’éviter une isolation trop forte l’hiver, contribuent au confort d’été. Le système de ventilation, notamment dans l’enveloppe du bâti, et les dispositions traversantes des pièces permettent un contrôle précis des températures intérieures été comme hiver. L’utilisation de chauffage à basse consommation d’énergie, poêles à bois ou chaudières à condensation, panneaux solaires thermiques pour la production d’eau chaude sanitaire, aident à contenir la consommation du bâtiment sans plomber le budget de construction. Comme dans les maisons éco-durables construites par l’agence, ces principes affichent une utilisation limitée des technologies du secteur qui ne nous semblent aujourd’hui pas toujours suffisamment développées pour être durables et dont la rentabilité réelle ne justifie pas toujours le coût dans un bilan de coûts de construction/exploitation. Equipe : Djuric-Tardio Architectes / Franck Boutté Consultants / Sletec Ingénierie.

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