La nouvelle habitation familiale s’implante sur un site marqué par une relative ambiguïté. Si d’une part, la parcelle souffre d’un vis-à-vis tendu (=proche) avec les villas individuelles voisines, elle profite également d’une orientation plein sud, en se développant le long d’une faible pente qui lui offre un panorama improbable sur les sommets alpins, le long de la rive gauche du Rhône. Le projet accepte cette condition et forge toute sa radicalité en cherchant à s’affranchir des contraintes liées au site, tout en essayant de capter au maximum ses qualités.
En limite de parcelle, des murs borgnes en béton brut construisent les façades de la nouvelle habitation, qui, telle une forteresse se protège de toute ouverture ou rapport direct avec le proche voisinage. Au nord, en amont de la parcelle, un creux dessine le couvert d’entrée principale, en bordure de route. Ce volume monolithique épouse la douce pente du terrain sur un seul niveau, articulant les espaces intérieurs en 3 demi-niveaux en enfilade, ponctués entre eux par trois patios. Ces trois niveaux organisent successivement les espaces d’entrée, de nuit et de jour. Le projet assume son souci d’intégration en reconnaissant et respectant l’échelle du site. Il refuse néanmoins tout mimétisme avec les constructions voisines.
Paradoxalement, cet objet à l’aspect massif s’ouvre généreusement sur l’extérieur depuis son intérieur même. En effet, au coeur de cette coque en béton, les 3 patios baignent de lumière les espaces intérieurs blancs et purs. Ces jardins intérieurs invitent la verdure et le bleu du ciel au coeur de l’habitation. Un jeu de transparences entre les différents espaces est créé. Le couronnement en béton (acrotère) de ces patios implantés entre chaque demi-niveau, dessine un cadrage précis sur le ciel découpé par les montagnes. La toiture en gravier, percée par les 3 patios s’assume comme une 5ème façade qui épouse et renforce la géométrie libre et découpée du volume.
Les murs en béton laissés apparents sont coffrés au moyen de banches métalliques avec peaux en bois usé et fortement endommagé, imprimant des reliefs et des textures inattendues et uniques sur les surfaces de béton. Chaque étape de décoffrage était un véritable moment de découverte. La pose aléatoire de banches métalliques de dimensions différentes, ainsi qu’un béton vibré au strict minimum, laissant apparaître ponctuellement quelques nids de gravier, confèrent à la surface un jeu de reliefs et de profondeurs aux multiples couleurs et lumières tout au long de la journée et des saisons.
Le béton est structure, matière, espace, ombres, lumière. Il matérialise la radicalité du concept architectural.