Le Cours des Arts : vivre la diversité à Beauregard
Beauregard (belle perspective) tire son nom du point de vue sur lequel il est situé et qui offre des vues lointaines entre les vallées de l'Ille et de la Vilaine. Pour s'en rendre compte, il suffit de monter au sommet de l'immeuble d'habitation situé à la pointe sud du triangle du nouveau Cours des Arts conçu par l'architecte rennais a/LTA. A ces hauteurs propices aux déplacements, le grand paysage peut être appréhendé depuis l'arrière de ce cockpit urbain.
Pour construire cet ensemble diversifié de logements qui allie un aspect social et des possibilités d'accession à la propriété, l'équipe de maîtrise d'œuvre NEOTOA a courageusement relevé le défi de créer un " ensemble immobilier intergénérationnel ". En 2013, les architectes Maxime Le Trionnaire et Gwénaël Le Chapelain sont venus réaliser ce programme avec en tête un nouveau type de vie communautaire.
Un sacré défi, organisé autour d'une cour centrale commune, qui deviendra six ans plus tard des ateliers d'artistes et des jardins ainsi que 119 logements, dont 8 disposent d'espaces "partagés", entre 9 et 11 m² chacun, qui font vraiment la particularité de ce projet. Chambres d'amis, salles de jeux, jardins d'hiver ? C'est un peu tout cela à la fois, avec des bow-windows d'environ un mètre de profondeur, bref, tout ce qu'il faut pour se sentir chez soi derrière ces pare-brise suspendus.
Comment recréer une vie de village, ou plutôt de hameau, sur un îlot découpé dans les plans de la Zone d'Aménagement Concerté (ZAC), tout en respectant les règles de densité et de hauteur de la parcelle ? Et sans trop la fermer pour éviter que les habitants aient à dire à l'extérieur : "Ici, on ne vit pas comme vous". Suivant la ligne tracée par la haie, l'ouverture dans le paysage devient ainsi la pièce maîtresse du projet ; les trois constructions permettent de libérer de l'espace en cœur d'îlot. Il reste à travailler sur cet "espace vide construit". C'est là que se trouvent les principaux enjeux de la vie de ce futur projet.
Cet "espace vide construit" sépare autant qu'il unit les bâtiments. Et il doit chercher à concilier spatialement, à sa manière, la tension constante qui existe en chacun de nous, pris dans notre quotidien, entre le temps passé avec notre communauté ou avec nous-mêmes. La manière d'organiser les bâtiments opposés et la proximité sera une question clé. Même si la diversité ne peut exister sans protéger l'intimité, sans établir l'autonomie de chacun, et le libre choix de se retrouver et de passer du temps ensemble.
La répartition aléatoire des maisons et des ateliers d'artistes crée des espaces évidemment propices à l'interaction car ils rompent avec l'effet panoptique qui aurait été donné, sans leur présence, à ce grand espace ouvert entouré de buttes. Une trop grande visibilité de chaque espace pourrait donner l'impression que les espaces moins favorisés sont "exposés" ou "s'exposent" et, par conséquent, deviennent un obstacle à l'interaction sociale.
L'utilisation remarquable de l'acier patinable, apparemment inhabituelle à Rennes, souligne les éléments clés du projet. Il a été utilisé aussi bien pour les rampes des balcons que pour les maisons. La ligne tracée par ce matériau spécifique fait écho à la conception générale de cet îlot poreux et traversable. S'agirait-il d'un nouveau type de phalanstère ? Si l'on prend également en compte la salle de loisirs qui abrite une buanderie commune, ce projet renoue, à sa manière, avec un discours utopique et ouvre une réconciliation potentielle avec ces idéaux.
Matériaux utilisés :
- Garage Doors - DOITRAND
- MetalWork - OMS
- Indoor Carpentry - PERRIN
- Wall Work - GADBY
- Plumbing/HVAC - BST
- HV Electrics - BERNARD ELECTRICITE
- LV Electrics - LEPAGE
- Painting - TUAL
- Floor Covering - HERVE
- Lifts - ABH
- Landscaping - ALTHEA NOVA